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ENTRETIEN FRATERNITE MATIN

Fraternité matin du 22/10/1981

Commentaire sur la photo: « Imad JOER a démontré au cours de son dernier combat qu’il dispose de bonnes qualités pour réussir une grande carrière ».

« Avec l’organisation du stage international de boxe amateur destiné aux sélectionnés africains en vue de la deuxième Coupe du monde à Montréal, le noble d’art est d’actualité dans notre pays. Aussi avons-nous estimé bon , en marge de ce stage, de présenter un jeune pugilistique qui a fait l’unanimité sur sa valeur montante le 9 octobre dernier lors du gala d’ouverture de la nouvelle saison.

Il s’agit d’Imad JOER (Franck), dont la victoire élaborée intelligemment sur Dossou Kodjovi a sauvé cette soirée de dupes. (une de plus…)

Né en 1962 à Abengourou, c’est à dix ans qu’Imad (Franck) JOER est attiré par la boxe. Son père fidèle ami de M. Jean-Pierre Mahé et très grand sportif, l’inscrit dans l’écurie « Ring Dembélé ». Sous la tutelle de Mahé, il débute parmi les « scolaires ». Il remporte six combats. Ces succès lui ouvrent les portes de l’amateurisme en 1976 (14 ans). Après neuf combats amateurs, où il ne connaît qu’une défaite, il devient néo-pro en 1980, à l’âge de 18 ans.

Dans cette catégorie, ses débuts sont marqués par une nette défaite devant Dossou Kodjovi: méconnaissable, il est contraint à l’abandon à la cinquième reprise. À sa décharge, aux dires de son entraîneur « il était en pleine période d’examen, il se présentait au probatoire du bac, qu’il a du reste réussi, et il s’était présenté sur le ring après une trop courte durée d’entraînement ».

Sur le plan international, Imad JOER s’est illustré par deux fois déjà à Dakar, où il a conquis le très difficile public de Demba Diop.

Quelques jours après son éclatante victoire au Palais des Congrès de l’Ivoire, nous avons discuté avec cet « intellectuel boxeur » jeudi dernier à sa sortie de classe au collège Voltaire.

« Je suis maintenant tranquille, parce que j’ai pu prendre ma revanche devant Dossou Kodjovi« .

Comment expliquez-vous cette boutade ?

« Quand j’avais perdu , et malgré les explications de mon père, de mon entraîneur et de mon entourage, cette défaite avait laissé le doute dans l’esprit de certains. Mais grâce aux encouragements de M. Mahé et de quelques amis j’ai retrouvé le moral« .

Était-ce par souci de prendre une telle revanche devant Kodjovi que vous aviez sérieusement préparé ce combat?

« Mon objectif n’était pas seulement de battre Kodjovi. J’aurais préparé avec le même sérieux et autant de détermination cette sortie devant n’importe quel boxeur de ma catégorie. J’étais surtout animé d’une volonté de rachat devant mes admirateurs. Mais cette première défaite m’a donné l’occasion de réfléchir sur les réalités de cette discipline. Elle a été une véritable leçon ».

Pourtant les premières reprises ont donné des sueurs froides aux plus confiants de vos admirateurs…

« Kodjovi voulait me « finir » avant la limite, et attaquait énormément. Ayant compris tout de suite son système, j’ai alors décidé d’opter pour la défensive, tout en prenant soin de lui administrer quelques coups sûrs. Mais j’étais déterminé à gagner ce combat ».

Comment envisagez-vous l’avenir ?

« Tout dépendra de mes études. Jusqu’à présent, rien ne m’empêche de poursuivre ma carrière. »

Quelles sont les réactions de vos parents ?

« Mon père m’a toujours conseillé. Il aime la boxe, et suit très régulièrement mes entraînements. Quant à ma maman, elle a très peur, mais elle ne trouve aucun moyen de me décourager. »

Pendant vos combats, nous voyons votre père crier à haute voix: est-ce que vous entendez ses conseils ?

« Pas du tout ! Car mon degré de concentration est trop élevé lorsque je suis sur le ring. De toutes les façons, mon entraîneur, que je considère comme un père spirituel, me donne assez de conseils avant chaque round. Il relève certaines erreurs pendant que je boxe, et à la pause nous en discutons. M. Mahé qui me considère comme son « fils » m’encourage, et il est évidemment pour beaucoup dans mes bons résultats actuels.« 

Etes-vous régulier aux entraînements ?

« Oui. Mais lorsque je suis trop chargé, je le fais savoir à mon entraîneur. »

Comment jugez-vous les résultats des boxeurs amateurs de notre pays ?

« Il manque terriblement d’un bon encadrement technique, et de matériel de travail. D’une part comment voulez-vous qu’un boxeur qui ne mange même pas à sa faim puisse obtenir un bon résultat dans une discipline aussi difficile que la boxe ? Le courage seulement ne suffit pas ! « 

Souhaitons donc une bonne carrière pugilistique à Imad JOER, qui fait déjà honneur à la boxe ivoirienne.

K. OTE